À Sotchi, Poutine annonce ses ambitions pour la relation Afrique-Russie

Le président russe a réuni les représentants des 54 États africains, symbole des ambitions grandissantes de Moscou pour ce continent où il est encore peu présent.

C’est une première. Vladimir Poutine a ouvert ce mercredi le “sommet Russie-Afrique”, symbole des ambitions grandissantes de Moscou dans une région où Chinois et Occidentaux ont plusieurs longueurs d’avance. À cette occasion, le président russe a affirmé vouloir “au minimum doubler” en cinq ans ses échanges commerciaux avec l’Afrique.

“Nous exportons actuellement pour 25 milliards de dollars de nourriture, ce qui est plus que ce que nous exportons d’armes qui représentent, elles, 15 milliards. Et nous sommes capables d’au minimum doubler ces échanges dans les quatre à cinq prochaines années”, a déclaré Vladimir Poutine lors de la session plénière de ce Sommet organisé à Sotchi (sud) devant plusieurs dizaines de chefs d’État africains. “En Afrique, il y a de très nombreux partenaires potentiels qui ont de très bonnes perspectives de développement avec un énorme potentiel de croissance”, a-t-il ajouté.

Il a, par ailleurs, indiqué que la Russie avait ces dernières années annulé des dettes africaines à hauteur de 20 milliards de dollars : “Nous voulons (aussi) renforcer la présence de l’État (russe) en Afrique “.

Les 54 États africains représentés

Au programme de cette rencontre qui a vocation à être organisée tous les trois ans, deux jours de discussions sur des thèmes allant des “technologies nucléaires au service du développement de l’Afrique” aux “minerais africains au profit des peuples d’Afrique”. Il s’agit d’une première pour la Russie qui s’inspire ainsi des “forums sur la coopération sino-africaine” qui ont permis à Pékin de devenir le premier partenaire du continent africain.

Et Moscou a mis les petits plats dans les grands. “Quarante-trois pays seront représentés par leurs dirigeants. Et onze autres par des vice-présidents, chefs de la diplomatie ou ambassadeurs”, selon le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov. Soit les 54 États africains.

Des poids lourds seront là, du Sud-Africain Cyril Ramaphosa au Nigérian Muhammadu Buhari, tout comme des partenaires historiques tel l’Angolais Joao Lourenço ou plus récents comme le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra. Des pays où la Russie est quasi absente seront aussi représentés, à l’instar de la Côte d’Ivoire avec son président Alassane Ouattara, qui aura en tête l’éventuelle conclusion d’un accord de coopération militaire.

Réaffirmer l’influence russe en Afrique

Pour le président russe, qui a programmé treize rencontres bilatérales, le forum est l’occasion de démontrer qu’il a les intérêts africains à coeur, lui qui en 20 ans ne s’est déplacé que trois fois en Afrique subsaharienne, toujours en Afrique du Sud. “Nous sommes en train de préparer et de réaliser des projets d’investissements avec des participations russes qui se comptent en milliards de dollars”, a-t-il souligné dans un entretien diffusé lundi par l’agence Tass.

Car Moscou, après cinq années de sanctions économiques occidentales, a un besoin crucial de partenaires et de débouchés pour conjurer sa croissance atone. Dans un contexte de tensions exacerbées avec les pays occidentaux, le sommet de Sotchi sera aussi l’occasion pour la Russie, après son grand retour au Moyen-Orient à la faveur de ses succès syriens, de montrer qu’elle est une puissance d’influence mondiale.

François KOMBASSERE

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